La libéralisation de la vente de
médicaments sans ordonnance permettrait aux consommateurs de bénéficier de prix
plus intéressants : tel est l’argument phare avancé pour la vente de
médicaments hors de la pharmacie.
En France, la distribution du médicament auprès des consommateurs est soumise
au double monopole pharmaceutique (délivré par un pharmacien) et officinal
(vendu uniquement dans une officine).
Les prix des médicaments non remboursables étant
libres, ils sont extrêmement disparates et peuvent varier de 1 à 4 d'une
officine à l'autre.
La vente sur internet des médicaments hors
ordonnance a été récemment autorisée en France, la première initiative est
celle de la pharmacie de la Grâce de Dieu à Caen. Le site est lié à l’officine
qui existe physiquement. Cette nouvelle forme de vente devrait donner de
nouvelles opportunités en termes de baisse des prix de vente au détail et
d'information du consommateur sur les prix.
Le pas suivant serait l'ouverture du monopole officinal vers
la grande distribution. Mais permettrait-elle aux consommateurs de bénéficier
de prix plus attractifs pour leurs achats de médicaments d'automédication ?
La grande distribution montre un vif
intérêt pour vendre des médicaments dans des espaces dédiés avec présence d’un
pharmacien (cf la pub TV de Leclerc).
L'étude de l'impact de la vente de médicaments d'automédication en grande
distribution en Italie montre qu'elle a eu des répercussions favorables sur les
prix : la diminution moyenne des prix observée dans les supermarchés
italiens était de 25%.
Mais Leclerc vend plus cher en Italie les
médicaments qu’ils ne sont vendus en pharmacie en France !
Si le consommateur peut y voir des avantages, qu’en est-il vraiment des
pharmaciens qui se voient amputés d’une partie de leur business : 10% de
leur CA est menacé par la grande distribution à un moment où leur CA est en
baisse et où ils peinent à maintenir leur marge…
A moins qu’une répartition entre vrais
médicaments, du domaine du pharmacien, et « placebos » destinés à la
grande distribution ne voit le jour ?